Grossesse avant vingt ans/ C’est contre nature…

Publié le par Espace dédié à la femme du Nord africain.

img1075.jpgTomber enceinte avant vingt ans, c’est contre nature, au plan physiologique, affectif, social et culturel. Parce que l’adolescente est immature, passive et incapable de dire non, elle confond excitation et tendresse. Tunis-Le Quotidien Concevoir un enfant et l’attendre requiert un travail psychologique très important et une mobilisation émotionnelle forte. Quant aux modifications biologiques et psychiques, elles se traduisent sur le plan conscient par le désir d’avoir cet enfant. Or, pour toutes celles qui tombent enceintes avant l’âge de vingt ans et dans une relation hors-mariage, la grossesse se passe autrement.

 

Ce sont plutôt le déni, l’évitement, la honte, la culpabilité, l’anxiété et la dépression qui s’emparent de la «gamine». Ce sont les idées essentielles que Dr Geneviène Khiari, psychiatre, a essayé de développer lors de la conférence organisée par l’Office National de la Famille et de la Population.

 

Il est vrai que, en d’autres temps, la grossesse au moment de l’adolescence était la norme. Mais aujourd’hui, elle est presque toujours synonyme de célibat. Car, de nos jours, la tendance est à prolonger l’adolescence et à retarder le mariage.

 

Emancipation, autonomie et indépendance obligent, l’on se marie de plus en plus tard. «Depuis les années quatre-vingts, ces grossesses connaissent une ascension en Europe au point de devenir non pas un problème de société, mais un problème dans la société», affirme Dr Khiari. En Tunisie, la situation ressemble plus à ce qui se passe dans les pays européens.

 

Ce qui suppose une sexualité plus précoce, qui expose ces adolescents à de multiples risques. Selon la spécialiste, il est très important d’expliquer que ces jeunes filles «prennent pour de l’amour ce qui relève de la convoitise sexuelle de l’homme». Immatures, passives et dans l’incapacité de dire non, elles confondent excitation sexuelle avec tendresse. Surtout que, dans le profil tracé par la psychiatre de ces ados enceintes, elles souffrent dans la majorité des cas d’échec affectif et scolaire, et d’enfance chaotique. Elles constituent forcément une proie facile et certains font l’objet même d’abus sexuels divers, y compris l’inceste et le viol. Dans les différents cas de grossesse non désirée que Dr Khiari a rencontrés, la consultation se fait de manière tardive, durant le deuxième trimestre. Etant adolescentes et mineures dans le quart des situations, elles sont des domestiques à demeures et des ouvrières non-qualifiées.

 

Généralement, l’image du père est altérée. Pendant le vécu de la grossesse, le rêve s’évapore et s’installe alors l’obsession de retrouver un ventre plat et d’en finir avec ce cauchemar. Mais, dans les cas où la famille apprend «la catastrophe», illico presto des essais d’interruption volontaire de grossesse (IVG), poursuite en justice du géniteur, dissimulation ou rejet. Et là, les jeunes filles en question sont totalement soumises aux décisions familiales. Si la grossesse n’est pas interrompue, Dr Naoufel Kaddour, pédopsychiatre, insiste sur un fait. «A priori, la maternité chez une adolescente n’est pas en soi porteuse de plus grands risques que celle d’une femme adulte».

 

Néanmoins, l’enfant est exposé à une plus grande morbidité physique, plus de fragilité, plus de mortalité infantile et plus important risque de naissance prématurée. Ces enfants sont susceptibles de manifester par la suite un attachement anxieux et des difficultés de séparation. Ils ont du mal à se placer dans la famille et à respecter la différence des générations. En plus de l’hyperémotivité qui peut les caractériser. «Ce sont des situations difficilement vécues», ajoute Dr Kaddour. Le pédopsychiatre conseille, en cas de grossesse, d’au moins la suivre, de sensibiliser ces mamans adolescentes et de les informer. Une fois l’enfant né, pourquoi pas les déculpabiliser par rapport à l’adoption. Mais c’est toujours insuffisant. Car il s’impose aujourd’hui de mieux cibler cette gent sensible et vulnérable où qu’elle soit.

 

Du moment que les mœurs ont évolué, il est incontournable de faciliter l’accès aux moyens contraceptifs et surtout d’expliquer leur usage. Car le recours aux IVG ne peut aucunement constituer une contraception : ils n’en sont pas une ! D’autant que les risques et les répercussions qui peuvent s’en suivre restent à éviter pour des corps encore en phase de croissance.

 

Maryem KADA

in : http://www.tunisia-today.com/archives/6467

Tunisia Today

 

 

Publié dans Santé

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